Introduction

La Commission spéciale du Parlement Européen sur la lutte contre le Cancer (BECA) vient d’adopter le 9 décembre 2021 ses propositions finales concernant les mesures de renforcement de la lutte contre le Cancer dans l’Union Européenne.

Un amendement de ce Plan Cancer intéresse, tout particulièrement, le monde de la vape. Il s’agit de l’interdiction dans les cigarettes électroniques des arômes d’e-liquides pouvant être considérés comme attractifs pour les mineurs et les non-fumeurs.

Entre les détracteurs de la cigarette électronique qui souhaitaient une interdiction totale des arômes dans les e-liquides, en dehors de ceux goût tabac, et ceux considérant que la e-cigarette est un moindre mal par rapport au tabac et, surtout, un outil capital dans le sevrage tabagique, c’est une voie médiane qui a été retenue : celle du rapporteur et eurodéputé allemand Peter Liese. Pour lui, le vapotage est moins nocif que le tabac et il est important de ne pas décourager le sevrage tabagique par la vape en interdisant tous les arômes. Il est, néanmoins, partisan d’une interdiction des arômes qu’il juge attractifs pour les enfants comme le goût Bubble Gum.

La Commission spéciale dépasse-t-elle ses prérogatives ?

Il est à noter que la vente des produits de la vape est déjà interdite aux mineurs en Europe et qu’il s’agit, donc, d’un faux problème. De plus, il paraît inopportun pour une Commission Parlementaire, dans le cadre d’un projet de santé publique, de vouloir pallier les défaillances possibles des Etats Membres en matière de respect de la règlementation sur la vente des produits de la vape aux mineurs. Là n’est pas son rôle.

Reste un problème de taille : Comment déterminer ce que peut être un arôme attrayant pour un enfant ? Va-t-on se limiter aux arômes goût friandise ? Peut-être pousser jusqu’aux e-liquides gourmands comme les pâtisseries ? Voire prohiber tous les arômes plus ou moins sucrés. On sait bien que les enfants sont naturellement attirés par le sucre ! 

Après ce tri, que restera-t-il ? Et bien le goût tabac, celui dont veulent s’éloigner les fumeurs, vapo-fumeurs ou vapoteurs dans le cadre de leur sevrage tabagique. Un pur exemple de logique idéologique !

Si l’on considère qu’en Europe plus des 2/3 des vapoteurs n’utilisent pas d’arôme tabac dans leur cigarette électronique, cela laisse un grand nombre de personnes concernées par l’adoption de cet article du Plan Cancer.

En effet, les fumeurs qui se tournent vers la cigarette électronique pour quitter le tabac le font, en grande partie, grâce à ces arômes qui les éloignent, progressivement, du goût du tabac. Imposer le seul arôme tabac dans les e-cigarettes, c’est prendre le risque de décourager de potentiels futurs vapoteurs, voire faire retourner au tabac des vapoteurs convaincus.

Pourquoi le sevrage tabagique devrait-il être une punition plutôt qu’un plaisir ?

S’il paraît évident à tout le monde de lutter contre le tabagisme pour réduire le nombre des cancers liés au tabac, pourquoi s’attaquer à l’outil le plus efficace pour atteindre ce but ? Ce Plan Cancer risque, s’il est adopté, d’avoir l’effet inverse de celui souhaité et de ne, finalement, faire que maintenir le nombre de cancers évitables liés au tabac.

S’agira-t-il d’un premier pas vers une future interdiction totale des arômes dans les e-liquides, étape déjà franchie en Europe par certains pays comme les Pays-Bas et la République Tchèque ? Ces pays ont-ils vu une diminution du nombre de fumeurs ? Pas vraiment, et surtout la nature ayant horreur du vide, certains vapoteurs se sont tournés vers l’achat d’e-liquides sur des marchés parallèles non contrôlés avec tous les risques sanitaires que cela peut engendrer. 

Si ce Plan Cancer est adopté tel quel par le Parlement Européen au début de l’année 2022, il servira de future référence pour les réglementations nationales des pays européens, comme pour les futures Directives Européennes, telle que la TPD (Tobacco Products Directive).

L’avenir de la vape en Europe vient peut-être de s’écrire avec ce vote de la BECA.