La cigarette électronique 2 fois plus efficace

Introduction


Cela fait bien longtemps que la question est sur de nombreuses lèvres : la cigarette électronique est-elle réellement efficace pour arrêter de fumer ? Une récente étude scientifique y apporte enfin une réponse claire et encourageante !

Présentation


Aucune étude scientifique n’était parvenue à trancher depuis l’arrivée de la cigarette électronique sur le marché. Chacune a apporté des pierres à l’édifice, mais aucune ne proposait de réponse concrète. En effet, il y avait souvent des lacunes de méthode et des résultats parfois très hétérogènes.

Une étude a été publiée fin janvier 2019 dans le New England Journal of Medicine prouvant l’efficacité de la cigarette électronique dans l’arrêt de la cigarette. Cette étude se distingue des précédentes par la qualité de sa méthodologie. Explication :

Méthodologie


Les participants étaient des personnes ayant fait appel au service d’aide au sevrage tabagique anglais, le U.K. National Health Service stop-smoking. Ils avaient le choix entre des substituts nicotiniques, incluant des combinaisons de produits et une cigarette électronique deuxième génération sous forme de pack pour débutant avec un e-liquide dosé à 18mg/ml de nicotine avec pour instruction de se fournir les futurs e-liquides à la saveur et au taux de nicotine de leur choix. La prise en charge incluait un soutien hebdomadaire durant 4 semaines.
Les premiers résultats ont été établis suite à une abstinence d’1 an, le tout confirmé par des analyses. Les participants qui ne se rendaient pas au suivi ou refusaient les analyses étaient considérés comme non abstinents.
Les seconds résultats incluaient l’usage du traitement et les symptômes respiratoires.

Résultats


Les résultats portent sur 886 participants. Au terme de la première année, 18% des personnes ayant utilisé la cigarette électronique étaient abstinentes, contre 9.9% dans le groupe substituts nicotiniques.
Les personnes ayant utilisé la cigarette électronique étaient plus à même d’utiliser le produit durant les 52 semaines – 80%, soit 63 sur 79 contre 9%, soit 4 sur 44.
Des irritations de la gorge et de la langue étaient rapportées plus fréquemment dans le groupe cigarette électronique, soit 65.3% contre 51.2% dans le groupe substituts, tandis que les nausées étaient rapportées plus fréquemment dans le groupe substituts, soit 37.9% contre 31.3% dans les groupe cigarette électronique.
Le groupe cigarette électronique rapportait une diminution plus rapide de la toux et de la production de mucosités que le groupe substituts.
Aucune différence significative n’a été trouvée dans les deux groupes pour ce qui est des sifflements au niveau respiratoire ou l’essoufflement.

Conclusion


Les cigarettes électroniques étaient plus efficaces pour l’arrêt de la cigarette que les substituts nicotiniques, lorsque les 2 types de thérapies étaient accompagnées d’un support comportemental.

La cigarette électronique 2 fois plus efficace

Prise de position du Professeur Jean-François Etter


Le Prof Jean-François Etter, fondateur de stop-tabac et professeur à l’UNIGE, a pris position quant à cette étude.
A la question « Va-t-on proposer des substituts nicotiniques ou des cigarettes électroniques à un patient qui souhaite arrêter de fumer ? » Le Prof. Etter répond qu’il y aurait 2 stratégies :

  • La première serait de proposer les aides qui sont autorisées en tant que médicament et d’utiliser la cigarette électronique en cas d’échec, mais peu de gens utilisant les substituts nicotiniques, cela réduirait beaucoup le pool de fumeurs qui utiliseraient ensuite la cigarette électronique.
  • La seconde stratégie serait de dire d’emblée aux fumeurs d’utiliser la cigarette électronique ou toute autre façon de consommer la nicotine sans combustion. Puisqu’il est maintenant démontré qu’elle est efficace pour arrêter de fumer et qu’elle est nettement moins risquée que la cigarette. Renoncer tout de suite à la combustion pour utiliser une autre forme de nicotine ou de tabac, voire de préférence tenter de se passer de tout. Mais si l’on ne peut pas arrêter, alors privilégier à tout prix une forme sans combustion.



A la question « On a peu de recul sur la cigarette électronique et même s’il n’y a pas de combustion, il y a quand même des arômes et autres substances, pour vous ça reste quand même plus sain ? » Le Prof. Etter répond clairement « oui ». Les experts s’accordent non pas sur la quantité de réduction des risques, mais sur le fait que c’est moins risqué, donc c’est une stratégie de réduction des risques, comme pour les drogues illicites où l’on a cette même stratégie depuis des années. Ce ne sont pas des produits à risque 0, mais ils sont tout de même nettement moins risqués que les produits avec combustion, qui sont aujourd’hui des produits obsolètes auxquels les consommateurs doivent renoncer pour utiliser des produits de la vape ou tout autre produit du tabac sans combustion, s’ils ne peuvent pas arrêter.

A la question « C’est-à-dire que l’on pourrait rembourser à terme les cigarettes électroniques ? » Le Prof. Etter répond que pour l’instant aucun de ces produits n’est enregistré et vendu en tant que médicament. En Angleterre, une cigarette électronique a été enregistrée en tant que médicament, mais n’est pas commercialisée. Mais ça pourrait venir, on pourrait tout à faire imaginer un avenir où on aura certains de ces produits de la vape qui seront enregistrés en tant que médicaments, éventuellement remboursés ou pas, et d’autres qui seront des produits d’usage récréatif, non médical.

Retrouvez ici son interview dans le 12h45 du 31.01.2019 sur la RTS.

Merci de votre lecture. A bientôt pour un nouvel article.

L’équipe Sweetch