De retour du Vapexpo Paris, en quelques lignes le résumé de la conférence du mardi 27 septembre 2016

Intervenants : Florence Theil (animatrice), Claude Bamberger, Pascal Henriot, Philippe Poirson, Jean-Philippe Boutin, Olivier Théraulaz

L'Union Européenne a édicté une nouvelle directive concernant les produits du tabac et associés, que les pays membres de l'Union devront implémenter entre mai 2016 et mai 2017.

Ce que va imposer cette directive concernant les cigarettes électroniques et les e-liquides :

-          Les bouteilles liquides contenant de la nicotine devront faire maximum 10ml

-          Le taux de nicotine devra être au maximum de 20mg/ml

-          Interdiction de la publicité

-          Interdiction des ventes transfrontalières

-          Interdiction d’exposition dans les vitrines

-          Interdiction de vapoter dans les établissements publics

-          Autorisation de mise sur le marché à demander 6 mois avant pour tous les produits du vapotage

Notre première réaction est de constater que la plupart de nos clients en magasins manquent d'information sur ce que cette directive implique réellement. Et surtout, quels seront les changements à apporter à leur quotidien de vapoteur. 

Voyons ces différents points un par un:

Concernant les 10ml et les 20mg/ml, cette nouvelle réglementation ne repose sur aucune donnée scientifique ou logique. Ni les consommateurs, ni les professionnels de la branche n’ont été consultés sur la question, ce qui laisse supposer une influence des lobbies du tabac.

Pour parer à l'arrivée de cette directive, les professionnels de l'industrie de la e-cigarette ont dû se réorganiser et réorienter leur offre. Les fabricants d'e-liquides ont par exemple développé des concentrés de leurs jus, qui sont à ajouter à des bases PG/VG neutres et des boosters de nicotine (taille 10ml). En imposant ces contraintes, outre une complication en terme d'usage, nous constatons surtout que la TPD a eu un effet contre-productif en mettant sur le marché des produits plus dangereux.

Cette limite de 10ml a incité les vapoteurs à s'orienter sur le DIY (do it yourself, soit la fabrication personnelle de liquide) sans toujours posséder les notions de base nécessaires. Imaginez un père de famille qui fait tomber sa bouteille de nicotine concentrée sur son fils de 2 ans en voulant booster son liquide... Tout le monde s'accorde à dire que cette loi est mal faite car les acteurs du marché n’ont pas été consultés et les modes de consommation non étudiés. A cela s'ajoute la vitesse à laquelle évolue le marché. Cette directive, qui a pris naissance il y a déjà 5 ans, est donc largement dépassée.

Olivier Théraulaz, président d’Helvetic Vape, explique qu’en Suisse le taux obligatoire de 0mg de nicotine a déjà conduit beaucoup de vapoteurs à passer au DIY. Philippe Poirson (le Vapolitique blog) encourage les shops à braver la loi et fournir de la nicotine aux gens afin de les aider à quitter le tabac. Pour lui, c’est « une bonne action sanitaire ». A l’avenir, on peut probablement s’attendre à ce que la loi évolue afin d'encadrer ou d’interdire aussi le DIY, qui demeure pour l’instant le meilleur moyen de contourner la TPD.

Certains craignent que des bouteilles de 10ml revienne plus cher au final et soit par conséquent un frein. Si les prix augmentent, ce sont les jeunes qui risquent de préférer le tabac à l’ecig. Notre avis est plus mesuré. Le marché de la vape a commencé avec des bouteilles de 10ml, ce qui ne l'a pas empêché de se développer. Ce sont par contre les vapoteurs confirmés pour lesquels acheter leur jus favori en 3 x 10ml reviendra plus cher que d’acheter une bouteille de 30ml.

Pour l’instant, la France doit appliquer la TPD, mais les fabricants ne savent pas encore où demander l’autorisation de mise sur le marché de ses produits. La situation reste floue pour tous. Au Canada, les dégustations de liquides ont été interdits en magasin car assimilé à de la publicité incitative. Les shops ont trouvé le moyen de le contourner et proposent à leurs clients d'acheter un échantillon à tester ensuite. Les sites internet ont aussi été interdits puisqu'ils sont considérés comme de la publicité. Le risque ? Que les vapoteurs retournent à la cigarette par simplification.

Concernant la demande d'autorisation à obtenir 6 mois avant la mise sur le marché d'un produit, cela risque d'éloigner des investisseurs potentiels et, par conséquent, un ralentissement des innovations. Dans un secteur qui se développe par ses incessantes innovations, nous n'allons pas dans le sens de la demande et des attentes des consommateurs, ce qui est regrettable. 

Cependant, au-delà des contraintes, nous relevons quelques opportunités pour le consommateur. L'arrivée de la nouvelle loi a amené une augmentation des ventes dans les boutiques françaises. Il semblerait que de nombreux consommateurs apprécient que la vape soit désormais encadrée. L'inscrire dans la loi rassure et prouve qu’elle va durer. L’Aiduce (Association Indépendante des Utilisateurs de Cigarette Électronique), de son côté, continuera son combat pour qu’il y ait de vraies normes AFNOR mises en place dans l'industrie française.

En ce qui concerne la Suisse, nous n'avons pas l'obligation d'implémenter telle quelle cette directive européenne. Toutefois, nos pouvoirs publics travaillent à l'heure actuelle à définir l'encadrement légal du marché de la cigarette électronique. Avec une bonne nouvelle qui se profile à l'horizon: l'autorisation de vendre des liquides contenant de la nicotine sur le territoire !

Affaire que nous continuerons de suivre de près, avec des mises à jour dans le blog. 

Merci de votre lecture. A bientôt pour un nouvel article.

L’équipe Sweetch