De retour du Vapexpo Paris, en quelques lignes le résumé de la conférence du lundi 26 septembre 2016

Intervenants : Jacques Le Houezec, Jean-François Etter, Riccardo Polosa, Konstantinos Farsalinos.

Pr Jean-François Etter

Pr Jean-François Etter : La Théorie du Gateway

Lorsqu'il s'agit de mettre en avant des arguments contre la cigarette électronique, il y a cette théorie qui tente d’affirmer que le vapotage est une porte d’entrée pour devenir fumeur. En point de départ de la conférence du 26 septembre dernier, le Pr Etter annonce que c'est absolument faux. En effet, cette théorie a pris ses fondements dans les années 70, à l’époque où il était question de dire que la marijuana était une passerelle systématique vers l’héroïne. On en a tellement parlé à l’époque que c’est devenu une croyance populaire, mais il a depuis été démontré qu'il n'y a pas de lien de cause à effet.

Dans le domaine de la cigarette électronique, ce sont les politiciens qui maintiennent cet argument. Au point qu’il est même présent dans la nouvelle TPD (Tobacco Products Directive) qui a commencé à être implémentée dans les pays européens (cf article précédent).

Le Pr Etter rappelle qu'il n’y a à ce jour aucune preuve scientifique d'une telle relation entre les deux pratiques. Les fumeurs sont des personnes qui ont une politique de vie plus risquée, de fait, ils sont plus enclins à essayer différentes choses. Si un jeune veut essayer la cigarette traditionnelle, il essaiera, qu’il ait testé la cigarette électronique avant ou pas. Il n’y a à ce jour aucun cas avéré dans la littérature qui mentionne le passage plausible de la cigarette électronique vers le tabac fumé. Depuis maintenant 10 ans que les cigarettes électroniques existent, le recul est désormais suffisant pour avoir des données. 

En réalité, un vapoteur qui recherche davantage de sensations augmentera probablement son taux de nicotine, ou sa fréquence d’utilisation ou encore le niveau puissance et de complexité de son matériel, mais n’ira certainement pas acheter un paquet de cigarettes. 

Concernant la dépendance à la nicotine, il n’y a pas non plus d'étude scientifique qui prouve que la nicotine contenue dans les e-liquides soit à l’origine d’une addiction chez le vapoteur qui a directement commencé avec une e-cigarette. De même que personne n’est devenu addict avec des patchs ou des nicorettes, rappelons-le ! 

Selon le professeur, cette théorie du Gateway est fausse ! Les politiciens qui continuent à l'utiliser comme excuse pour réduire et limiter l’accès à la vape, ce qui a comme première conséquence de favoriser les gens à rester dans le tabac. Et c'est un point qu'il est important de combattre le plus rapidement possible.

Le Pr Jean-François Etter a créé le programme Stop-tabac.ch en 1997 et il en assure la responsabilité. Il est l'auteur de plus de 130 publications scientifiques sur le tabagisme et la cigarette électronique. Il est actuellement professeur associé à la Faculté de Médecine de l'Université de Genève.

Toutes les conférences en vidéo ici.

Pr Riccardo Polosa

Pr Riccardo Polosa : L’évidence des effets positifs de la vape sur la santé

Selon lui, la première urgence est d’arrêter de parler des risques potentiels de la vape car ils sont franchement faibles et il s’agirait de commencer à parler de ses effets bénéfiques plutôt.

Le Pr Polosa rappelle que parmi les fumeurs qui sont désormais passé à la vape, certains mourront certainement d’une maladie liée à la tabacologie. Et ce n’est pas la cigarette électronique qui va les tuer, mais bel et bien les années précédentes de consommation de tabac fumé. D’un point de vue plus positif, ses études ont prouvé que les fumeurs qui avaient une pression artérielle haute l’ont vue diminuer en passant à la e-cigarette. Il a même constaté que la baisse de pression artérielle a été plus significative chez les sujets fumeurs qui sont passés à la vape que chez ceux qui sont restés fumeurs tout en prenant des médicaments contre l’hypertension. On parle donc bien ici d'un bénéfice réel de la vape !

Concernant la prise de poids, le professeur a également observé un effet bénéfique au cours de l'année qui suit l'arrêt du tabac. En effet, il a observé une prise de poids nettement inférieure lorsque le sevrage se fait grâce à la ecig. Une prise de 2,5kg en moyenne pour le premier groupe d'observation, contre 4,7kg chez les fumeurs qui tentent d’arrêter sans substitution. Au cours de l'année suivante, il a observé que ceux restés à la cigarette électronique perdaient progressivement le poids pris pour revenir à leur poids de départ. Ce qui n’était pas le cas pour l’autre groupe d’observation.

Le Pr Polosa, qui étudie l’asthme depuis longtemps s'est aussi penché sur l'impact de la cigarette électronique sur le système respiratoire. Pour la petite histoire, il faut savoir que même l’air le plus pur de nos Alpes suisses peut déclencher des crises d’asthme; c’est pourquoi il trouve cela passionnant. Pour en revenir à l’e-cigarette, il a pu observer cliniquement que les fonctions respiratoires s’amélioraient en passant de la fumée à la cigarette électronique. Dans la population d’asthmatiques fumeurs, ceux qui sont passés à la cigarette électronique ont observé 50% de crises en moins. Il a également pu observer des cas de fumeurs qui étaient passés à l’ecig puis retournés à la cigarette traditionnelle. Pour ceux-ci, le nombre de crise asthmatiques sont reparties vers la hausse. Ici encore, le bénéfice constaté est incontestable !

Dans le cadre de ses études respiratoires, le professeur a suivi des vapoteurs pendant 4 ans, en observant l'état de leurs poumons, radiographies à l’appui. Les résultats sont positifs également, et leurs poumons vont bien. 

Pour conclure, il nous dit que oui, il y a des risques dans le monde qui nous entoure. Mais lesquels comportent un réel danger et lesquels ne valent même pas la peine d'être mentionnés ? Il demande à ce que l’on finance davantage de recherches sur la cigarette électronique pour muscler les données en notre possession, au lieu de faire peur à la population avec des risques potentiellement faibles voire inexistants.

Le Pr Riccardo Polosa est le directeur de l'Institut de médecine interne et urgentiste de l'Université de Catania en Italie. Il est également responsable du Centre universitaire de recherche sur le tabac et professeur honoraire en médecine à l'Université de Southampton (UK). Il est l'auteur de plus de 250 articles et livres traitant principalement de la médecine respiratoire, l'immunologie clinique et l'addiction au tabac. Le professeur et son équipe ont mené plusieurs études cliniques sur les cigarettes électroniques.

Konstantinos Farsalinos

Dr Konstantinos Farsalinos : Le point sur les aldéhydes et la désinformation

Il est établi que le formaldéhyde émanant de la mauvaise utilisation d’une cigarette électronique comporte des risques pour la santé (ce que les vapoteurs nomment les dry puffs). Mais le Dr Farsalinos rappelle surtout qu’en cas de consommation normale, les aldéhydes contenus dans la vapeur de cigarette électronique ne sont pas dangereux, de par leur très faible quantité. Par ailleurs, les aldéhydes sont présents partout, l’OMS reconnaît bien aisément qu’il y en a même dans l’air pur.

Konstantinos Farsalinos revient sur l'étude parue cette année qui a fait du bruit concernant l’exposition d'un groupe de souris à la vapeur de cigarettes électroniques. Pour rappel, des chercheurs de l'Université de San Diego ont exposé des spécimens à du e-liquide une heure par jour, cinq jours par semaine, et ce pendant quatre semaines d'affilée. A l'issue de cette période, les souris ont été soumises à une batterie de tests pour mesurer les effets de cette exposition. Les scientifiques américains ont alors observé que les cellules des poumons avaient été endommagées et qu'un état inflammatoire s'était accru de plus de 10% en moyenne. Ils ont ensuite inoculé une pneumonie à ces souris. Celles qui n'avaient pas été exposées à la vapeur s'en sont sorties, les autres sont mortes, accréditant ainsi la thèse selon laquelle le vapotage nuirait à la qualité de notre système immunitaire.

Ici le Dr Farsalinos insiste sur le poids néfaste de la désinformation dont les medias se font souvent l'écho. En effet, en lisant attentivement les analyses de ces chercheurs américains, il aurait fallu administrer 200mg de nicotine dans une même journée chez l’homme pour obtenir les mêmes effets néfastes. Quantité aussi impossible qu'aberrante !

Par contre, il nous livre ici une découverte importante : ce n’est pas la puissance d’utilisation ou le taux de nicotine dont il faut se méfier, mais la quantité répétée d’exposition. Il évalue à environ 3ml par jour la quantité raisonnable de liquide à vaper (quel que soit le taux de nicotine). Dans 3ml, la quantité de formaldéhydes absorbée est très faible et non dangereuse, par contre pour 12ml par jour, cette quantité devient plus élevée qu’un paquet de 20 cigarettes.

La pratique de « Direct lung » utilisée par les gros vapoteurs est particulièrement pointée du doigt puisqu’elle fait consommer 4 à 5 fois plus de liquides. Il rappelle aux vapoteurs présents dans la salle qu’ils ont tous arrêté de fumer avec moins de liquide par jour. Lui-même consomme 18mg de nicotine, mais maximum 4ml de liquide par jour. Il a bien essayé de réduire son taux de nicotine mais s’est retrouvé à vaper plus. Il est donc revenu à 18mg. Il s’étonne d’ailleurs de ne plus trouver ce taux de nicotine parmi les exposants du salon à Paris...

Le Dr Farsalinos conclut qu'il faut arrêter la course à la baisse du taux de nicotine à tout prix ! Il vaut mieux vaper avec un taux plus haut mais moins de liquide par jour. C’est comme de boire un petit verre d’eau polluée chaque jour, dit-il. Ce n’est pas dangereux à petite dose, mais si on répercute cette consommation à 2 litres de cette même eau polluée, et c’est un autre problème qui surviendrait. Veillons donc à limiter notre niveau de consommation de e-liquide. 

Le Pr Konstantinos Farsalinos, chercheur d'origine grecque, œuvre au Centre de chirurgie cardiaque Onassis à Athènes, ainsi qu'au département de pharmacie de l'Université de Patras, en Grèce. Il est à ce jour l’un des auteurs ayant publié le plus d’études sur la cigarette électronique, notamment sur la fonction cardiaque et la circulation coronaire. Il a publié en 2014 une enquête mondiale en ligne auprès d’un échantillon de 20.000 vapoteurs. 

Pour nous, professionnels et revendeurs de cigarettes électroniques, avoir la chance d'assister à de telles conférences où se rencontrent chercheurs, médecins et scientifiques nous permet d'avoir une vision plus claire de la situation dans sa globalité, et ainsi être de meilleur conseil auprès de nos clients. 

Merci à eux pour leurs travaux, et merci surtout de prendre le temps de partager leur savoir avec nous. Au plaisir de découvrir leurs prochaines études et conférences. Dont nous ne manquerons pas de vous informer. 

Merci de votre lecture et bonne vape !

L'équipe Sweetch